Myasthénie et Covid-19 : une étude française lève le voile et rassure

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L’analyse de la base de données Co-My-Covid montre que l’infection par le SARS-CoV-2 s’avère plutôt de bon pronostic en cas de myasthénie auto-immune.

Mars 2020. La France subit ce qui sera plus tard qualifié de « première vague » de Covid-19 et entame une période de confinement national. Les experts de la filière Filnemus décident de constituer, avec le concours de l’AFM-Téléthon, une base de données nommée « Co-My-Covid » afin de collecter les cas de personnes qui développent la Covid-19 et sont atteintes de myasthénie auto-immune.
Mais pourquoi étudier cette maladie en particulier ? On pensait alors qu’elle pourrait être associée à un risque très élevé de faire une forme grave de Covid-19, notamment lorsque son traitement habituel comporte des médicaments qui réduisent l’activité du système immunitaire (corticoïdes, immunosuppresseurs). Il existait également la crainte que la Covid-19 provoque très souvent une crise myasthénique. L’analyse des données de Co-My-Covid effacent ces a priori.

Une grande majorité de guérison

Trente-quatre personnes, soit moins de 1% des 3 558 des personnes atteintes de myasthénie recensées en France, ont eu la Covid-19 entre mars et juin 2020. Une grande partie d’entre elles a pu être soignée à domicile. Les autres ont été hospitalisées en réanimation (26,5%) en raison d’une forme grave de Covid-19, ou en service de médecine (29,4%). Cinq personnes (14,7%) sont décédées d’une détresse respiratoire liée à l’infection par le SARS-CoV-2.
Parmi les 29 autres personnes, environ un tiers a connu une exacerbation de la myasthénie, sans nécessité, dans une écrasante majorité des cas, de renforcer le traitement. Une seule a fait une crise myasthénique, résolutive grâce à des perfusions d’immunoglobulines. La proportion d’aggravation de la myasthénie dans cette étude est comparable à celle déjà décrite dans un contexte de syndrome grippal.

Poursuivre son traitement, une décision salvatrice

Les immunosuppresseurs, seuls ou associés aux corticoïdes, n’augmentent que peu le risque de développer une forme grave de Covid-19. En revanche, le fait d’avoir une myasthénie sévère (stade MGFA supérieur ou égale à IV) avant de contracter la Covid-19 multiplie ce risque par 102. Il est donc essentiel de ne pas interrompre son traitement contre la myasthénie, quel qu’il soit, dans le contexte actuel. À défaut, la maladie s’aggraverait, décuplant le risque d’infection grave par le SARS-CoV-2.

Les recherches continuent

L’étude Co-My-Covid doit se poursuivre jusqu’en novembre 2022. Si vous êtes atteint de myasthénie auto-immune, avez eu la Covid-19 (prouvée ou suspectée) et n’avez pas été déclaré par votre médecin auprès des investigateurs de Co-My-Covid, vous pouvez contacter ces derniers via l’e-mail  informations-comycovid@chu-bordeaux.fr.
Le 10 mars 2021, la filière Filnemus a également lancé pour une durée d’un an l’observatoire Va- C- Nemus afin de surveiller la pandémie de Covid-19 et la vaccination contre cette infection. Toute personne atteinte d'une maladie neuromusculaire, qu'elle souhaite être vaccinée ou non, peut participer à cette enquête nationale en ligne sur le site de Va-C-Nemus ou en scannant le QR-code :

 

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Source
Impact of Coronavirus Disease 2019 in a French Cohort of Myasthenia Gravis.
Solé G, Mathis S, Friedman D et al.
Neurology. 2021 Feb 10:10.1212/WNL.0000000000011669.