Myosite à inclusions : le sirolimus (rapamycine) montre une certaine efficacité

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Les résultats définitifs de l’essai Rapami mettent en évidence les bénéfices du sirolimus (ou rapamycine) sur la marche, la respiration et la composition musculaire.

Aucun médicament habituel des myopathies inflammatoires ne parvient à stopper l’évolution vers l’aggravation progressive de la myosite à inclusions sporadique. Avec le soutien financier de l’AFM-Téléthon, l’essai Rapami a permis d’explorer une nouvelle piste thérapeutique : le sirolimus ou rapamycine, un médicament déjà commercialisé pour prévenir le rejet après une greffe de rein. Son mode d’action sur le système immunitaire, sélectif, semble particulièrement intéressant pour lutter contre la myosite à inclusions.

Des différences significatives en faveur du sirolimus...

Conduit par l’équipe du Pr Oliver Benveniste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), l’essai Rapami a inclus 44 participants âgés de 45 à 80 ans. La moitié d’entre eux a pris l’anti-rejet sous forme de sirop, l’autre moitié un placebo, une fois par jour pendant un an. À ce terme, les premières données d’efficacité, préliminaires, étaient encourageantes. Les résultats définitifs de Rapami sont parus début 2021. Ils confirment et précisent les bénéfices potentiels du sirolimus sur certains paramètres.
Après un an de traitement, la distance parcourue en 6 minutes de marche a été, en moyenne, stabilisée sous sirolimus alors qu’elle a diminué sous placebo. La fonction respiratoire (capacité vitale) a eu tendance également à rester stable avec le sirolimus, alors qu’elle s’est dégradée chez les participants qui ont reçu le placebo. Les résultats sont également favorables au sirolimus en ce qui concerne la proportion de muscles des cuisses remplacée par du tissu graisseux.

... mais pas d’impact notable sur la force

En revanche, les deux groupes de participants ont connu une évolution comparable (dégradation) d’autres critères choisis pour évaluer l’efficacité du sirolimus, comme la force développée lors de différents mouvements : étendre les genoux (critère principal de l’essai), les fléchir, étendre et fléchir les coudes, saisir avec les mains. Pour l’expliquer, les investigateurs de l’essai émettent l’hypothèse que le sirolimus agirait moins sur les muscles eux-mêmes que sur l’endurance. En témoignent à la fois l’absence d’effet mesurable sur la force musculaire et les effets positifs sur le test de 6 mn de marche.

Des complications à prendre en considération

Côté tolérance, 45% des participants sous sirolimus ont présenté un effet indésirable sérieux, contre 27% dans le groupe sous placebo. Quatre des participants traités par l’anti-rejet ont dû interrompre ce traitement en raison d’ulcérations sévères de la bouche, de pneumonie, d’insuffisance rénale ou d’œdème des membres inférieurs. Dans cet essai, les aphtes ont été l’effet secondaire le plus fréquent du sirolimus.

Vers une étude de grande ampleur

Les résultats de l’essai Rapami sont suffisants pour justifier le déploiement d’un essai clinique de phase III à partir de juillet 2021. Il devrait se dérouler au Royaume-Uni, en Australie, aux Pays-Bas et aux États-Unis et rassembler 140 participants sur une durée de deux ans.

Source
Sirolimus for treatment of patients with inclusion body myositis: a randomised, double-blind, placebo-controlled, proof-of-concept, phase 2b trial
Benveniste O, Hogrel JY, Belin L et al.
The Lancet Rheumatology January 2021