Syndrome de Crigler-Najjar: point d’étape de l’essai de thérapie génique

Publié le
Crigler-Najjar

De nouveaux résultats préliminaires de l’essai mené par Généthon concernant le syndrome de Crigler-Najjar, une maladie rare du foie, ont été présentés au congrès de l’ESGCT le 22 octobre.

Maladie génétique rare du foie, le syndrome de Crigler-Najjar se caractérise par l’accumulation anormale de bilirubine dans l’organisme. Cet excès de bilirubine est dû au mauvais fonctionnement d’une enzyme (UGT1A1) chargée de transformer la bilirubine en substance éliminable par l’organisme.

Or, lorsque la bilirubine s’accumule, elle provoque une jaunisse intense et chronique, et devient toxique pour le cerveau, ce qui peut causer d’importants dommages neurologiques et devenir mortel. A l’heure actuelle, seule la photothérapie permet de faire diminuer le taux de bilirubine contraignant les patients à rester sous des lampes UV bleues jusqu’à 12h par jour. 

Un essai de thérapie génique, avec un candidat- médicament mis au point par l’équipe « Immunologie et Thérapie Génique des Maladies du Foie », dirigée par le Dr Giuseppe Ronzitti à Généthon, a démarré en 2018 en France, en Italie et aux Pays-Bas. Cet essai européen dont le promoteur est Généthon, le laboratoire de l’AFM-Téléthon, a pour objectifs de s’assurer de la tolérance du produit, de définir la dose optimale et d’évaluer l’efficacité thérapeutique du candidat-médicament. 

« L’équipe a beaucoup travaillé sur ce projet de la conception et développement de l’approche jusqu’à l’essai. Nous avons, en effet, conçu le candidat-médicament, fait les preuves d’efficacité pré-clinique, puis conçu le produit pour l’essai clinique. » explique le Dr Giuseppe Ronzitti.

La thérapie génique consiste à apporter aux cellules hépatiques une copie du gène (UGT1A1) codant une enzyme qui permet l’élimination de la bilirubine. 

Après une première présentation à l’International Liver Congress en juin dernier, des nouveaux résultats préliminaires viennent d’être présentés au congrès de l’ESGCT (le congrès de la société européenne de thérapie génique et cellulaire) par le Dr d’Antiga, l’un des investigateurs de l’essai (Bergame, Italie). Selon les premières observations, le candidat-médicament est bien toléré et montre des effets thérapeutiques qui restent à confirmer lors de la poursuite de l’essai.

En effet, les deux premières cohortes démontrent la sécurité et la bonne tolérance du produit chez les patients traités, ainsi qu’un effet-dose à confirmer.

Dans la cohorte 1, traitée à la plus faible dose, les cliniciens ont observé un effet thérapeutique transitoire mais ne permettant pas l’arrêt prolongé de la photothérapie à la 16ème semaine post-injection (critère d’efficacité du candidat-médicament).

En revanche, dans la cohorte 2, traitée à une dose supérieure, les deux premières patientes ont montré une diminution forte du taux de bilirubine qui leur ont permis d’arrêter la photothérapie depuis plusieurs semaines. Le Dr D’Antiga qui a traité les patients de la 2eme cohorte commente ces résultats encourageants :

« Ces premières observations montrent que la thérapie génique pourrait devenir une alternative thérapeutique pour cette maladie du foie sévère. Nous devons rester prudents car l’essai se poursuit et nous permettra d’évaluer sur la durée et chez d’autres patients ces premiers résultats encourageants. » déclare Frédéric Revah, directeur général de Généthon. 

Fanny Collaud, chercheuse à Généthon, vous en dit plus sur ce syndrome ultra rare :