Anémie de Fanconi : premiers résultats d’une thérapie génique

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Un consortium européen publie les premiers résultats d'une thérapie génique pour une nouvelle maladie génétique du sang, l’anémie de Fanconi.

Après la bêta-thalassémie, la drépanocytose, l’hémophilie, une nouvelle maladie génétique du sang, l’anémie de Fanconi, bénéficie aujourd’hui d’un essai de thérapie génique chez l’homme. Dans le cadre de cet essai, des patients atteints de la maladie ont été traités grâce au vecteur-médicament développé par les équipes espagnoles du Dr Juan Bueren (CIEMAT, Madrid) en collaboration avec l'équipe d'Anne Galy à Généthon. Les résultats publiés chez 4 patients montrent la correction des cellules souches hématopoïétiques.

Le vecteur-médicament de thérapie génique, produit par la plateforme industrielle française YposKesi, testé dans le cadre de l’essai clinique de phase I/II réalisé en Espagne par les équipes du Dr Juan Bueren (CIEMAT) et du Dr. Jullian Sevilla (Hospital del Nino Jesus), a permis de corriger les cellules qui, une fois réinjectées, se développent progressivement dans la moelle osseuse des 4 patients traités. Après 3 ans de recul, les chercheurs constatent que plus de la moitié des cellules sanguines sont « saines », c'est-à-dire corrigées du défaut génétique, chez l’un des patients et progressent à des niveaux plus partiels chez les autres, permettant ainsi de stabiliser la chute des globules blancs.

« Ces résultats sont le fruit d’une collaboration de longue date avec le Dr Juan Bueren. Nos expertises conjuguées ont permis de lancer cet essai qui est à la fois un succès technologique et thérapeutique : c’est la première fois au monde que l’on identifie le moment « idéal » pour prélever les cellules souches des patients qui en ont déjà très peu, que l’on parvient à manipuler et à modifier génétiquement ces cellules très fragiles que l’on démontre qu’elles peuvent greffer et produire divers types de cellules sanguines corrigées sans que les patients n’aient reçu de conditionnement chimiothérapeutique. Je suis fière que nos efforts soient aujourd’hui payants pour les enfants atteints de cette forme de la maladie et qui peuvent bénéficier d’un traitement non toxique » Anne Galy, directrice de Recherche Inserm (UMR S951).

Au sein du laboratoire Généthon, Anne Galy, travaille, depuis plus de dix ans, à la conception et au développement de thérapies innovantes pour les maladies du système immunitaire et du sang. Dans le cadre du consortium européen Eurofancolen, elle a contribué avec son équipe à la conception d’un vecteur lentiviral pour transporter un gène–médicament, le gène FANC-A, au coeur des cellules souches hématopoïétiques et corriger les cellules de patients. Objectif : repeupler le système sanguin des patients traités avec des cellules fonctionnelles.

« Ces premiers résultats très encourageants montrent la qualité des travaux et des produits développés par notre laboratoire Généthon. Nous sommes extrêmement fiers et heureux que notre savoir-faire basé sur près de vingt années de recherche pionnière que nous avons menée dans le domaine de la thérapie génique bénéficie aujourd’hui aux premiers patients atteints par cette pathologie particulièrement grave » déclare Frédéric Revah, directeur général de Généthon.

 L'anémie de Fanconi est une maladie génétique rare du sang liée à une dérégulation de la réparation de l’ADN entrainant notamment la chute de la production des cellules sanguines par la moelle osseuse et une forte susceptibilité des patients atteints à certains produits chimiothérapeutiques. La prévalence est estimée à 1/300.000 naissances, soit environ 200 à 250 malades en France avec des atteintes génétiques diverses. Elle se caractérise par une fatigue importante, une susceptibilité élevée aux infections et génère un risque 4000 fois supérieur de développer une leucémie aiguë ou des cancers. La greffe de moelle osseuse, lorsqu’elle est possible, reste à ce jour le principal traitement, mais les patients sont fragiles.