Maladie de Danon : les leçons d’un suivi de trois ans

Aux États-Unis, neuf patients (dont deux frères) atteints d’une maladie de Danon ont bénéficié de bilans de santé rapprochés trois années durant. De quoi faire progresser davantage les connaissances sur cette glycogénose musculaire ultra-rare.
Les résultats d’un check-up très complet pratiqué tous les six mois chez huit garçons et un jeune homme confirment l’existence d’une atteinte cardiaque et musculaire progressive dans la maladie de Danon. Ils rappellent également l’intérêt de s’intéresser à d’autres organes, possiblement touchés par la maladie aussi. Ils pointent enfin une réalité à bien garder à l’esprit : la maladie peut s’exprimer et progresser de façon assez différente d’une personne à l’autre.
Les études d’histoire naturelle, une ressource précieuse
L’objectif d’une étude d’histoire naturelle est de décrire comment une maladie se manifeste et progresse naturellement au cours du temps. Ce type d’étude est essentiel dans la maladie de Danon car elle a été identifiée assez récemment (en 2000) et elle est ultra-rare. En France, 42 personnes seulement sont suivies en centres experts pour cette pathologie. Bien connaitre son histoire naturelle est important pour :
- savoir à quoi s’attendre et donc adapter au mieux le suivi,
- déterminer quels seront les paramètres (musculaires, cardiaques, biologiques...) à suivre dans le cadre de futurs essais cliniques évaluant l’intérêt d’un candidat-médicament et savoir si ce produit entraine une réelle amélioration de la maladie, en comparaison de son évolution naturelle sans traitement.
Le cœur et les muscles
Dans le détail, tous les participants de l’étude nord-américaine ont une diminution progressive des performances du muscle cardiaque visible à l’échographie, mais son importance s’avère variable d’une personne à l’autre. L’un des patients a dû par exemple recevoir une greffe de cœur, à l’âge de 14 ans. Et si la majorité des participants déclarent avoir des symptômes d’origine cardiaque (palpitations, difficultés à respirer, douleurs...) et ont des troubles de la conduction et/ou du rythme cardiaque, ce n’est pas le cas de tous. De même, la plupart des patients (mais pas tous) présentent des symptômes musculaires (faiblesse, difficultés à courir, à marcher...) et leurs résultats aux tests (six minutes de marche, montée d’escaliers...) déclinent lentement au fil du suivi de trois ans.
Le cerveau et les yeux aussi
Tous les participants ont en revanche des difficultés d'apprentissage, mais de nature parfois différente. Près de la moitié ont ainsi un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), de l'anxiété ou une dépression. Deux garçons souffrent de troubles du spectre autistique et un autre d’un retard global du développement. L’étude retrouve également de fréquentes anomalies (huit patients sur neuf) au niveau des yeux : myopie, meilleure vision dans l’obscurité (nyctalopie), sensibilité exacerbée à la lumière (photophobie), vision floue... La plupart ont des anomalies de la rétine, un constat qui, pour les auteurs de l’étude, devraient faire bénéficier toute personne atteinte d’une maladie de Danon d’une surveillance ophtalmologique, et de traitements dédiés si besoin.
Au-delà de contribuer à améliorer la santé des personnes concernées, ces résultats seront utiles pour évaluer de futurs traitements de la maladie de Danon, comme ceux que cherchent à faire émerger le projet DREAMS, coordonné par I-Stem, l’un des laboratoires de l’AFM-Téléthon.
Source
Danon disease in male patients: a prospective natural history study to augment understanding of the phenotype.
Khedro T, Attias J, Eshraghian E et al.
Orphanet J Rare Dis. 2025 Oct.
