Myasthénie : le rituximab pris au début de la maladie et à faible dose serait durablement efficace

Ne pas attendre l’échec des autres médicaments pour prescrire du rituximab dans la myasthénie auto-immune généralisée de l’adulte pourrait s’avérer bénéfique, et le rester à long terme.
Avec ses 47 participants, recrutés dans sept centres experts suédois, l’essai clinique Rinomax reste de petite ampleur mais il a été sérieusement conduit, de façon randomisée, en double aveugle contre placebo. Son objectif était d’évaluer le rituximab dans la myasthénie auto-immune généralisée récente (un an maximum) chez l’adulte, sans attendre de savoir si elle se montre résistante ou non aux traitements habituels.
Les bénéfices d’une utilisation précoce
Trois mois et demi après une perfusion unique de 500 mg de rituximab, 71% des 25 participants qui en ont bénéficié avaient peu ou pas de manifestations de la maladie sous corticoïdes à faible dose, sans autre traitement nécessaire depuis l’injection. Seuls 29% des 22 participants qui avaient reçu le placebo étaient dans ce cas. De plus, 4% des participants du groupe rituximab, versus 36% de ceux du groupe placebo, ont eu besoin d’un traitement additionnel (perfusion d’immunoglobulines, autres biothérapies…) dans un délai de 5,5 mois après l’injection. Et les trois hospitalisations pour aggravation de la maladie se sont produites dans le seul groupe placebo.
À long terme
Ces bénéfices du rituximab se sont maintenus jusqu’à 5 ans après la perfusion précoce. Ils s’accompagnent cependant d’un risque accru d’infection, qui tient au mode d’action du rituximab. Il s’agit d’un immunosuppresseur « sélectif », se liant de façon spécifique à la surface des lymphocytes B, lesquels produisent les auto-anticorps (anti-RACh, anti-MuSK...) à l’origine des manifestations de la myasthénie, mais aussi les anticorps qui permettent de se défendre contre les infections.
À l’heure actuelle, le rituximab est utilisé dans la myasthénie à doses supérieures (en cures) et plus tard que dans l’essai Rinomax, dans les 10 à 30% de formes résistantes aux corticoïdes et à d’autres immunosuppresseurs. Un usage qui se justifie notamment par les résultats positifs d’une étude en vie réelle et d’un essai clinique menés en France.
Sources
Efficacy and Safety of Rituximab for New-Onset Generalized Myasthenia Gravis: The RINOMAX Randomized Clinical Trial.
Piehl F, Eriksson-Dufva A, Budzianowska A et al.
JAMA Neurol. 2022 Sep 19:e222887.
Rituximab in Newly Diagnosed Generalized Myasthenia Gravis: A New Treatment Paradigm?
Chuquilin M, Barohn R.
JAMA Neurol. 2022 Sep 19.
Rituximab in New-Onset Generalized Myasthenia Gravis: Long-Term Follow-Up of the RINOMAX
Wu J, Eriksson-Dufva A, Budzianowska A, Feresiadou A et al.
Clinical Trial. Eur J Neurol. 2025 Nov;32(11):e70418.
