Myotonie de Steinert : une anomalie génétique plus fréquente que prévu

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Les personnes avec une expansion de triplets CTG caractéristique de la maladie de Steinert seraient beaucoup plus nombreuses que ce qui a été décrit jusqu’à présent.

La maladie de Steinert (ou DM1 pour dystrophie myotonique de type 1) touche le système neuromusculaire (myotonie, faiblesse de certains muscles…), mais aussi d’autres organes comme le cristallin (entrainant une cataracte précoce), le cœur (qui doit être surveillé et traité le cas échéant), le système nerveux, le système respiratoire, l’appareil digestif… Les manifestations de la maladie sont variables d’une personne à l’autre allant de formes très sévères se déclarant à la naissance à des formes pratiquement sans symptômes jusqu’à un âge avancé.
L’anomalie génétique en cause est la présence d’une répétition de longueur anormale d’un triplet CTG dans le gène DMPK (les scientifiques parlent d’expansion de triplets). Ce nombre de répétitions CTG est supérieur ou égal à 50 dans la maladie de Steinert et varie d’un individu à l’autre, y compris parmi les membres d'une même famille. Globalement, plus le nombre de répétition CTG est élevé, plus les manifestations de la maladie sont sévères, multiples et précoces (même si la corrélation n’est pas stricte).

Des formes peu symptomatiques qui passent sous les radars

Si la maladie de Steinert fait partie des maladies neuromusculaires de l’adulte les plus fréquentes, sa fréquence serait sous-estimée, notamment celle de formes peu sévères limitées à une calvitie et/ou une cataracte précoce, sans manifestation neuromusculaire.
C’est ce que révèle une étude publiée en février 2021, qui a consisté à rechercher et à mesurer une augmentation anormale de la répétition de triplets CTG dans le gène DMPK chez tous les nouveau-nés de l’état de New-York (États-Unis) nés entre décembre 2013 et avril 2014.
Sur les 50 382 échantillons analysés, 24 présentaient un nombre de répétitions CTG supérieur ou égal à 50, soit une fréquence jusqu’à cinq fois celle de maladie de Steinert observée jusqu’à présent.
Dans les 2/3 de ces échantillons, le nombre de répétitions CTG ne dépassait pas 150, ne correspondant donc qu’à des formes a priori peu symptomatiques, susceptibles de ne pas être diagnostiquées, alors même qu’elles s’accompagnent aussi d’un risque d’atteinte cardiaque et de transmission de la maladie à la descendance.

 

Source
Population Based Prevalence of Myotonic Dystrophy Type 1 Using Genetic Analysis of State-wide Blood Screening Program
Nicholas E Johnson, Russell J Butterfield, Katie Mayne, Tara Newcomb, Carina Imburgia, Diane Dunn, Brett Duval, Marcia L Feldkamp, Robert B Weiss
Neurology. 2021 Feb 16;96(7):e1045-e1053.

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