Dermatomyosite : le tacrolimus semble augmenter l’efficacité du traitement immunosuppresseur de la maladie pulmonaire

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Deux études plaident en faveur de l’utilisation d’un médicament antirejet de greffe, le tacrolimus, dans la dermatomyosite avec atteinte pulmonaire.

La dermatomyosite peut s’accompagner d’une atteinte des poumons (pneumopathie interstitielle), laquelle est souvent plus grave et progresse plus rapidement chez les personnes qui produisent des autoanticorps  anti-MDA5.
Une équipe de médecins japonais a mené, entre 2014 et 2017, une étude pour évaluer l’efficacité de l’ajout au traitement usuel d’un médicament immunosuppresseur, le tacrolimus, au traitement habituel chez 29 adultes atteints de dermatomyosite avec pneumopathie interstitielle et autoanticorps anti-MDA5.

Un taux de survie deux fois et demi supérieur

Ils ont été traités de façon précoce par corticoïdes à fortes doses, cyclophosphamide (un autre immunosuppresseur) et tacrolimus, auxquels se sont ajoutés des échanges plasmatiques si nécessaire. Leur survie à six mois a atteint 89% et à un an, 85%, soit une fois et demi celle d’un groupe de 15 personnes atteintes de dermatomyosite avec pneumopathie interstitielle et autoanticorps anti-MDA5 traitées par le passé (entre 2001 et 2008) sans tacrolimus.
Ce résultat conforte celui d’un essai clinique du tacrolimus mené au Japon. Il s’est terminé en 2011 mais ses résultats viennent de paraître en septembre 2019. Il a inclus 18 personnes atteintes de dermatomyosite et 7 de polymyosite, avec pneumopathie interstitielle. Traitées par tacrolimus associé à des corticoïdes, leur survie à un an a été de 88%. Les autorités de santé japonaises se sont d’ailleurs basées sur cette étude pour approuver le tacrolimus dans l’indication pneumopathie interstitielle associée à la dermatomyosite ou à la polymyosite.

À venir en France

Ce n’est pas encore le cas dans l’Hexagone, où ce médicament immunosuppresseur a une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la seule prévention du rejet après une greffe d’organe. Il est cependant prescrit, hors AMM, dans les myosites  avec atteinte pulmonaire. Un essai clinique se prépare d’ailleurs en France. Promu par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), il va comparer l’efficacité du tacrolimus à celle d’une association de deux autres immunosuppresseurs (azathioprine et cyclophosphamide) chez 76 personnes atteintes de syndrome des antisynthétases, une forme de myosite, avec pneumopathie interstitielle.

Sources
A multicenter prospective study of the efficacy and safety of combined immunosuppressive therapy with high-dose glucocorticoid, tacrolimus, and cyclophosphamide in interstitial lung diseases accompanied by anti-melanoma differentiation-associated gene 5-positive dermatomyositis.
Tsuji H, Nakashima R, Hosono Y et al.
Arthritis Rheumatol. 2019 September

Impact of adding tacrolimus to initial treatment of interstitial pneumonitis in polymyositis/dermatomyositis: a single-arm clinical trial.
Takada K, Katada Y, Ito S et al.
Rheumatology (Oxford). 2019 September