Efficacité d’un traitement innovant de thérapie génique dans le modèle canin de la dystrophie musculaire de Duchenne

Publié le
Ces travaux, publiés dans la revue américaine Molecular Therapy du mois de novembre, ont été financés en majeure partie par les dons du Téléthon et ouvrent la voie à la mise en place d’un essai clinique chez l’Homme.

Une collaboration impliquant trois laboratoires initiés et soutenus par l’AFM-Téléthon, Atlantic Gene Therapies (AFM-Téléthon, Inserm UMR 1089, Université de Nantes, CHU de Nantes), Généthon (Evry) et l’Institut de Myologie (Paris), a permis de démontrer l’efficacité d’un traitement innovant de thérapie génique chez le modèle canin de la dystrophie musculaire de Duchenne.

Ces travaux, publiés dans la revue américaine Molecular Therapy du mois de novembre, ont été financés en majeure partie par les dons du Téléthon. Ils ouvrent la voie à la mise en place d’un essai clinique chez l’Homme.

La dystrophie musculaire de Duchenne est la maladie neuromusculaire la plus fréquente de l’enfant (1 garçon sur 3500 à 5000 naissances). Elle est due à une anomalie génétique dans le gène DMD, sur le chromosome X, entraînant l'absence d'une protéine indispensable au bon fonctionnement des muscles, la dystrophine. Le traitement développé par les chercheurs d’Atlantic Gene Therapies, de Généthon et de l’Institut de Myologie, est basé sur l’utilisation d’un vecteur AAV (Adeno Associated Virus) portant un transgène permettant le saut d’un exon[1] spécifique et la production de dystrophine dans le muscle du malade.

Sécurité, efficacité et stabilité du traitement chez le chien

Chez le chien GRMD (Golden Retriever Muscular Dystrophy), le traitement a visé le saut des exons 6, 7 et 8 du gène de la dystrophine. Le produit a été administré par voie locorégionale dans les pattes antérieures des 18 chiens qui ont été suivis pendant 3,5 mois après l’injection. Il a été bien toléré par tous les chiens traités, aucune réponse immunitaire contre la dystrophine synthétisée n’ayant été observée. Le saut des exons s’est traduit par des niveaux élevés d’expression de la dystrophine dans les muscles traités. Les résultats des travaux indiquent également que ce traitement, une fois injecté, produit dans le tissu musculaire un effet prolongé et stable dans le temps d’observation de l’étude et, contrairement aux oligonucléotides antisens déjà utilisés en clinique pour le saut d’exon, il ne nécessite pas d’être ré-administré régulièrement. La synthèse de « nouvelle » dystrophine est dépendante de la dose de vecteur injectée : plus la dose est forte et plus le saut d’exon est efficace. La force musculaire augmente également avec la dose injectée. 80 % des fibres musculaires expriment la « nouvelle » dystrophine avec la dose la plus élevée. Un résultat extrêmement encourageant car une expression minimum de 40 % de la dystrophine dans les fibres musculaires est nécessaire pour que la force soit réellement améliorée.

Vers un essai clinique de phase I/II

Ces résultats ouvrent la voie à la mise en place d’un essai de phase I/II qui visera à traiter, par voie locorégionale, le membre supérieur de personnes atteintes de dystrophie musculaire de Duchenne non ambulantes et dont la dystrophine peut être corrigée par le saut spécifique de l’exon 53. Les études de toxicologie et biodistribution réglementaires viennent de s’achever et le dépôt d’un dossier auprès des autorités réglementaires est prévu pour 2015.

Atlantic Gene Therapies, Généthon et l’Institut de Myologie sont membres de l’Institut des Biothérapies des maladies rares, créé par l’AFM-Téléthon. Avec plus de 600 experts à Nantes, Paris et Evry, c’est une force de frappe unique pour la mise au point et le développement de la thérapie génique des maladies rares.

Ces travaux ont également bénéficié de financements dans le cadre du programme ADNA (Advanced Diagnostics for New Therapeutic Approaches), un programme dédié au développement de la médecine personnalisée et soutenu par la Banque Publique d’Investissement.




[1]

Le saut d’exon est une technique qui consiste à ignorer la partie du gène qui est mutée et qui empêche la synthèse de la protéine. Une fois cette zone masquée, la protéine qui est produite est plus courte que la protéine « normale », mais fonctionnelle.

Aller plus loin

cp_molecular_therapy_leguiner.pdf
Télécharger la version PDF (PDF - 174.61 Ko)
cp_molecular_therapy_leguiner_eng.pdf
Télécharger la version PDF (PDF - 156.66 Ko)