Biothérapies et maladies rares : le point sur une révolution médicale

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Biothérapies et maladies rares : le point sur une révolution médicale

L’AFM-Téléthon soutient depuis plus de 20 ans le développement de thérapies innovantes qui bénéficient aux maladies rares et à la médecine  toute entière.

Les maladies rares qui touchent 3 millions de personnes en France ne bénéficient pas, dans leur grande majorité, de solutions thérapeutiques. C’est pour cela que l’AFM-Téléthon soutient depuis plus de 20 ans le développement de thérapies innovantes. Des traitements qui portent leurs premiers fruits pour les maladies rares et qui font aussi avancer la médecine toute entière.

Maladies rares, un enjeu de santé publique

Les maladies rares représentent un véritable enjeu de santé publique. Si chacune d’entre elles touche moins d’une personne sur 2 000, plus de 30 millions de personnes sont, selon l’Union européenne (en anglais), touchées par l’une des 5 000 à 8 000 maladies rares. En France, plus de 3 millions de Français sont affectés. Cinq nouvelles pathologies sont décrites chaque semaine dans la littérature médicale.

Biothérapies : une révolution médicale en marche

D’origine génétique pour la plupart, les maladies rares peuvent être traitées par les biothérapies. Contrairement à l’approche pharmacologique classique qui n’offrira en général qu’un traitement symptomatique et nécessitera une administration répétée tout au long de la vie, les biothérapies permettent d’envisager un traitement curatif et définitif. Deux voies majeures sont explorées :

La thérapie génique, dont l’AFM-Téléthon est le soutien majeur en France, consiste à introduire un gène médicament dans les cellules de l’organe malade pour corriger le défaut génétique responsable de la pathologie.

Grâce aux travaux pionniers soutenus par l’AFM-Téléthon, les premières preuves cliniques convaincantes ont été apportées pour  des maladies génétiques rares du sang (immunodéficiences dont les « bébés bulles »), du cerveau (adrénoleucodystrophie)  ou de la rétine (amaurose congénitale de Leber). Le premier médicament de thérapie génique a obtenu récemment son autorisation de mise sur le marché en Europe pour l’hyperlipidémie familiale, une maladie rare.

Les thérapies cellulaires, également appelées « médecine régénératrice », utilisent des cellules pour reconstruire des tissus et organes. Même si quelques indications de thérapie cellulaire peuvent faire appel à des cellules différenciées (dites adultes), c’est aux cellules souches pluripotentes que l’on a généralement recours. Ces dernières ont  la capacité de se multiplier à grande échelle et de se transformer en tout type cellulaire (pour  les cellules souches embryonnaires). Les cellules à potentiel thérapeutique que l’on sait produire à partir de ces cellules souches ne cesse de croître (neurones centraux et périphériques, cellules hépatiques, sanguines, cardiaques, pancréatiques, osseuses, cutanées, rétiniennes, auditives,...).

Le laboratoire I-stem créé par l’AFM-Téléthon et l’Inserm, élabore des traitements fondés sur les potentiels offerts par les cellules souches pluripotentes et applicables aux maladies rares d’origine génétique. Des essais cliniques sont programmés pour des complications cutanées de la drépanocytose ou pour des maladies neurodégénératives (maladie de Huntington).

Des perspectives prometteuses pour les maladies fréquentes

Les avancées en matière de maladies rares bénéficient également aux maladies fréquentes.

  • La progéria, maladie ultra-rare (2 cas en France), caractérisée par un vieillissement accéléré, partage des mécanismes communs avec le vieillissement physiologique (progressif) et le vieillissement accéléré induit par les chimiothérapies anticancéreuses ou trithérapies anti-sida. Les essais en cours ouvrent des perspectives pour les patients atteints de cancers ou du sida.
  • Le déficit dans la chaîne respiratoire mitochondriale observé dans la neuropathie optique héréditaire de Leber, maladie rare de la vision, est commun à la plupart des maladies fréquentes (maladie de Parkinson, vieillissement, cancer). La capacité de délivrer un gène thérapeutique dans la mitochondrie – l’organe énergétique de toutes les cellules - ouvre la voie au traitement des déficits mitochondriaux observés dans des pathologies fréquentes.
  • La bêta-thalassémie, maladie génétique rare affectant les globules rouges, a pour origine le même gène que la drépanocytose qui concerne une large proportion de la population africaine, noire-américaine, méditerranéenne et asiatique. La thérapie génique mise au point pour la bêta-thalassémie sera étendue à la drépanocytose.
  • Les thérapies cellulaires régénératrices expérimentées pour le traitement de cardiopathies observées dans de nombreuses myopathies ont très vite vu leurs applications étendues à l’insuffisance cardiaque consécutive à l’infarctus.
  • La thérapie cellulaire de la peau envisagée pour certaines maladies génétiques cutanées ou pour des complications cutanées de maladies génétiques est applicable au traitement des grands brûlés ainsi qu’aux ulcérations cutanées chroniques complications liées au diabète de type II et aux déficiences veineuses graves.

Enfin, l’évolution vers une médecine adaptée spécifiquement à chaque patient, prenant en compte son patrimoine génétique, métabolique et environnemental («le bon traitement, au bon patient, au bon moment »), s’appuiera sur le modèle développé pour les maladies rares.