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Le Translarna® dans la myopathie de Duchenne

Publié le , mis à jour le

L’ataluren ou Translarna® a été le premier médicament innovant approuvé dans la dystrophie musculaire de Duchenne, dès 2014 en Europe. Pris par voie orale au long cours, son mode d’action très spécifique en fait un traitement réservé à certaines formes génétiques de la maladie. Mais la preuve de son efficacité dans la maladie n'a pu être apportée par les essais cliniques qui l'ont évalué.

Une décision de commercialisation en attente

Après 10 années de renouvellements successifs de son autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle, l’Agence Européenne du médicament (EMA) a émis début 2024 un deuxième avis négatif sur l’octroi de cette AMM. Cet nouvel avis s’appuie sur l’analyse complète des données d’efficacité disponibles du Translarna® fournies par le laboratoire PTC-Therapeutics qui le commercialise : les experts indiquent qu’elles n’apportent pas de preuves d’efficacité assez solides scientifiquement pour conclure à un réel bénéfice de ce produit dans la DMD, même s’il est bien toléré.
La décision définitive de la Commission européenne interviendra d’ici 2 mois. En attendant, les malades qui bénéficiaient du Translarna® continuent d’y avoir accès dans les mêmes conditions, tandis que se discutent différents scénarios pour l’avenir. 

STRIDE, un registre analysé à la loupe par l'Agence Européenne du médicament
Né en 2015, le registre européen STRIDE compile les données anonymisées de plus de 300 personnes traitées au long cours par Translarna® dans 11 pays dont la France. L’analyse de ces données fait l’objet de publications médico-scientifiques régulières. Parallèlement, de nombreux essais cliniques évaluant le Translarna® dans la DMD ont permis d'accumuler des données pour étudier son efficacité.

D'autres pistes thérapeutiques à l'étude

Entre 85 et 90% des enfants et des adultes atteints de myopathie de Duchenne n’ont pas de mutation non-sens. Ils ne peuvent donc pas être traités par Translarna®. Néanmoins, de nombreuses autres pistes de traitement sont en développement actuellement dans cette maladie.  Elles s’organisent en trois grandes approches, qui pourraient s’appliquer également aux personnes qui ont été traités par Translarna®, en fonction de chaque situation.

Infographie - 3 approches à l’essai dans la myopathie de Duchenne

Comment agit le Translarna® ?

La dystrophie musculaire de Duchenne résulte d’anomalies du gène DMD qui entrainent l’absence to-tale de dystrophine, une protéine indispensable au bon fonctionnement des muscles. 
Le Translarna® ou ataluren a été conçu pour surmonter l’une des anomalies du gène DMD à l’origine de la myopathie de Duchenne. Son action repose sur la translecture des codons stop, avec l’objectif de restaurer une production de dystrophine fonctionnelle.

  • Un « codon stop » est un message d'arrêt prématuré de la synthèse d’une protéine. Situé sur les ARN messagers du gène DMD, il résulte d’une mutation dite « non-sens » de ce gène et conduit à la production d’une dystrophine incomplète, non fonctionnelle, ce qui provoque la maladie.
  • La translecture permet la lecture des ARN messagers contenant des codons stop et la production d’une protéine complète.
Le saviez-vous ? 
D’autres maladies que la myopathie de Duchenne peuvent résulter de mutations non-sens, comme par exemple 16% des cas de mucoviscidose. Au cours de son développement, le Translarna® a d’ailleurs été évalué par des essais cliniques dans la mucoviscidose… sans succès. 

 

Qui peut bénéficier de ce traitement

Selon son autorisation conditionnelle de mise sur le marché européen, l’ataluren (Translarna®) peut être prescrit dès l’âge de deux ans aux personnes atteintes d’une myopathie de Duchenne résultant d’une mutation non-sens du gène DMD mise en évidence par un test génétique, et encore en capacité de marcher (« ambulant » ou « marchant »). 
En France, le Translarna® n’est actuellement remboursé que pour les enfants âgés de 5 ans et plus. Au cas par cas, ont pu en bénéficier aussi : 
- des garçons non ambulants,
- des filles porteuses d’une mutation non-sens du gène DMD symptomatiques.
Chez ces dernières, la prescription de Translarna® s’avère peu fréquente en raison, notamment, du manque de recul sur les effets du médicament dans cette situation. 

Qui peut prescrire le Translarna® ?

Seul un médecin hospitalier (pédiatre ou neurologue) expérimenté dans la prise en charge de la dystrophie musculaire de Duchenne peut instaurer un traitement par Translarna® (ataluren). C’est le cas des experts exerçant dans les Centres de référence ou de compétences de la filière Filnemus des maladies rares neuromusculaires.

Comment se prend-il ?

Il se prend par voie orale, en trois prises (matin, midi et soir) tous les jours. 
Le Translarna® (ataluren) se présente sous la forme de sachets de granulés blancs, à bien mélanger dans au moins 30 millilitres d’un liquide (eau, lait, jus de fruits) ou dans trois cuillères à soupe d’un aliment semi-solide : yaourt, compote de pommes… Le nombre de sachets à prendre et leur dosage (125mg, 250mg ou 1 000 mg) sont calculés en fonction du poids de la personne traitée, pour atteindre la dose quotidienne totale de 40 mg par kg. 
 

Que faire en cas d’oubli d’une prise ? 
  • La prise du matin, du midi et du soir doivent, dans l’idéal, être espacées de 6 heures 
  • En cas de retard de moins de 3 heures par rapport à l’horaire de prise du matin ou du midi, ou de moins de 6 heures par rapport à l’horaire de prise du soir, prendre la dose oubliée et ne pas changer l’heure habituelle de prise des doses suivantes.
  • En cas de retard de plus de 3 heures par rapport à l’horaire de prise du matin ou du midi, ou de plus de 6 heures par rapport à l’horaire de prise du soir, ne pas prendre la dose oubliée. Reprendre le programme de prise aux heures habituelles. 
Source : Translarna® - Résumé des caractéristiques du produit

 

À quels effets indésirables s’attendre ?

Les éventuels effets secondaires du Translarna® sont en général modérés. 
Les plus fréquemment déclarés sont une diminution de l’appétit, des nausées, des vomissements, des maux de tête, des douleurs du ventre, des ballonnements, des diarrhées ou une constipation. 
Le Translarna® peut également entrainer des saignements de nez, une augmentation du taux de triglycérides ou de cholestérol dans le sang, une élévation de la tension artérielle et des perturbations du fonctionnement des reins. C’est pourquoi un contrôle de la tension artérielle et des prises de sang régulières (cholestérol, triglycérides, fonction rénale) sont nécessaires.

Un portail de déclaration accessible à tous

Médecin comme patient ou parent de patient, tout un chacun peut utiliser le portail national de signalement des effets indésirables pour déclarer des symptômes qu’il suspecte être liés à l’utilisation du Translarna® ou de tout autre médicament. Ces informations sont traitées par des experts en pharmacovigilance, qui rechercheront s’il existe ou non un lien de cause à effet.

Faut-il prendre des précautions particulières sous Translarna® ?

Il est préférable de signaler ce traitement aux différents médecins consultés car la prise de Tanslarna® :

  • contre-indique l’administration en injections intraveineuses des aminosides, une famille d’antibiotique ;
  • impose des précautions en cas traitement concomitant par certains médicaments utilisés pour traiter l’hypertension artérielle, réduire l’excès de cholestérol ou lutter contre des infections (oséltamivir, aciclovir, ciproflaxacine…), le Translarna® pouvant augmenter leur concentration dans le sang selon des études menées en laboratoire.