Dystrophie musculaire de Becker

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La dystrophie musculaire de Becker (DMB) est due à un déficit incomplet en dystrophine, protéine clé du muscle. Moins abondante ou tronquée, elle reste néanmoins fonctionnelle ce qui explique la survenue plus tardive des symptômes musculaires, comparé à la dystrophie musculaire de Duchenne. Le suivi médical et les soins sont indispensables pour limiter l'impact de la maladie notamment sur le cœur et les muscles. La recherche de nouveaux traitements s'appuie sur les connaissances issue des progrès dans la DMD, mais aussi sur des pistes thérapeutiques d'abord explorées dans la DMB.

Les signes de la myopathie de Becker

La dystrophie musculaire de Becker est une maladie du muscle causée par des anomalies génétiques de la dystrophine : c'est une dystrophinopathie, tout comme la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD). Elle a été décrite pour la première fois en 1955 par le Professeur Becker comme une maladie distincte et plus rare : elle ne représente que 10% environ des dystrophinopathies. La dystrophie musculaire de Becker est aussi appelée myopathie de Becker, Becker Muscular Dystrophy (abrégé en BMD).

Dans la dystrophie musculaire de Becker, l'atteinte musculaire est plus tardive. Certaines formes de DMB sont peu sévères mais d’autres sont plus proches de la DMD.

Elle se manifeste par une faiblesse musculaire prédominant aux membres inférieurs (fatigue à la marche, gêne pour courir, sauter, monter des escaliers) qui apparaît dans l'enfance ou l'adolescence, voire plus tard. S'y associent souvent des douleurs musculaires et des crampes.

Une atteinte du muscle cardiaque (cardiomyopathie) apparaît en général dans un deuxième temps, même si, parfois, elle peut faire partie des premiers signes.

A quoi est-elle due ?

La dystrophie musculaire de Becker est due à des anomalies dans le gène DMD situé sur le chromosome X, qui modifient la structure ou la quantité de la protéine qui en est issue, la dystrophine, qui n'assure alors plus son rôle. Car sa présence contribue à rendre les cellules musculaires plus solides en formant des ponts protéiques entre elles et leur environnement, tel un échafaudage souple et résistant capable de supporter les contractions répétées du muscle. Quand elle est absente ou tronquée, les cellules musculaires sont fragilisées.

Comment la maladie se transmet-elle ?

Seuls les hommes ayant une anomalie dans le gène DMD, sur leur chromosome X, en sont atteints, ou presque... puisqu'une minorité de femmes porteuses de l'anomalie génétique peut aussi avoir quelques symptômes musculaire et/ou cardiaque (10 à 30%). Le chromosome X qui porte l'anomalie génétique peut se transmettre à leur descendance.

La myopathie de Becker une maladie génétique à transmission récessive liée au chromosome X.

Lorsqu'une maladie génétique est présente chez un membre d'une famille, le conseil génétique permet d'informer et d'accompagner les personnes de la famille qui le souhaitent  famille, autour du risque de développer ou de transmettre cette maladie.

S'informer sur les dystrophinopathies chez les femmes

Quelle prise en charge dans la DMB ?

Le diagnostic et la prise en charge de la dystrophie musculaire de Becker s'effectue dans le cadre de consultations pluridisciplinaires spécialisées dans les maladies neuromusculaires.

La prise en charge médicale vise essentiellement à prévenir les complications de l'atteinte musculaire, notamment cardiaques et orthopédiques, améliorant le confort et la qualité de vie des hommes atteints de dystrophie musculaire de Becker.

Un PNDS dédié à la myopathie de Becker. Élaboré par les experts de la filière de santé maladies rares neuromusculaire, le Protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) « Dystrophie musculaire de Becker » a été publié en décembre 2019. Il détaille la prise en charge optimale d’une personne atteinte de myopathie de Becker.

Regardez le replay de l'Atelier dédié à la myopathie de Becker lors des journées Duchenne/Becker à l'âge Adulte organisées par l'AFM-Téléthon les 23 et 24 juin 2022

La prise en charge passe par une surveillance régulière, musculaire, orthopédique, respiratoire, cardiaque... Elle permet de mettre en œuvre au bon moment - en fonction de l'évolution de chaque personne - les techniques de soin nécessaires à la prévention et à la limitation des conséquences de l'atteinte musculaire de la dystrophie musculaire de Becker.

  • Une  prise en charge orthopédique (kinésithérapie, massages...) régulière entretient la souplesse et l'amplitude des mouvements pour préserver le plus longtemps possible le confort et l'autonomie.
  • Un suivi cardiologique régulier est nécessaire, notamment pour mettre en place des traitements adaptés assez tôt destinés à protéger le coeur. Le suivi cardiologique permet de repérer les signes avant-coureurs d'une atteinte cardiaque comme les difficultés à l'effort.
  • Lorsqu'il existe une atteinte des muscles respiratoires, celle-ci requiert des soins spécifiques pour mieux respirer et préserver ses capacités respiratoires prise en charge spécifique.

Et en cas d'urgence :

Les traitements d'aujourd'hui et demain

La recherche thérapeutique dans la myopathie de Becker bénéficie des progrès de la recherche dans la dystrophie musculaire de Duchenne, liée aussi à des anomalies de la dystrophine ; mais il existe aussi des pistes thérapeutiques qui ont d'abord été développées dans la DMB.

Voir les Avancées dans les dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker.

La recherche pharmacologique

Plusieurs essais évaluent des médicaments qui agissent contre les effets de la diminution de la dystrophine dans le muscle :  protéger le coeur, limiter l'atteinte respiratoire, préserver la force musculaire, réduire l'inflammation du muscle, améliorer l'irrigation de ce dernier, lutter contre l'oxydation des tissus, stimuler l'apport d'énergie de la cellule... Certains d'entre eux sont des médicaments déjà utilisés dans d'autres indications (repositionnés) et d'autres, des molécules innovantes.

  • L’EDG-5506 est une petite molécule développée par Edgewise Therapeutics. Prise en traitement oral, cette molécule bloque l’action d’une enzyme, l’ATPase, qui agit sur les myosines des fibres rapides ce qui limite leur recrutement, alors qu'elles sont très affectées dans les dystrophies. Son action empêche leur dégradation. Un essai clinique dans la DMB a montré que ce produit était bien toléré et qu'il pouvait protéger le muscle. Deux essais dans la myopathie de Becker (l'essai CANYON et l'essai GRAND CANYON) sont actuellement en cours en Europe (pas en France) et aux Etats-Unis.
  • Le givinostat agirait sur la régénération du muscle, diminuerait la fibrose et l'inflammation. Evalué dans le DMD, le givinostat a aussi été évalué dans la myopathie de Becker, dans un essai clinique Italien : les premiers résultats de cet essai de phase II n'ont pas montré les effets attendus sur la fibrose, mais il a été noté une stabilisation de la fraction graisseuse dans le muscle. 
  • Le vamorolone représenterait, dans les dystrophinopathies, une alternative aux corticothérapies utilisées habituellement en prévention. Il a des effets positifs sur la fonction motrice notamment et des effets secondaires différents. Tandis que ce médicament vient d'être autorisé dans la DMD aux Etats-Unis sous le nom d'Agamree®(suspension buvable) et qu'une décision est attendue en Europe, il est aussi évalué actuellement dans la myopathie de Becker aux Etats-Unis, dans un essai de phase II contre placebo auprès de 39 participants de 18 à 64 ans.
  • L'epicatéchine est une molécule aux vertus antioxydantes de la famille des flavonoïdes, présente dans le thé et le cacao. Les résultats d'un essai américain l'évaluant dans la BMD ont montré une action sur l'amélioration de la biogénèse des mitochondries et la régénération des muscles.

D'autres molécules...

  • Le nébivolol a été évalué dans la DMD pour ses effets cardioprotecteurs, dans un essai clinique français. Les résultats de cet essai sont en cours d'analyse et pourraient bénéficier à la dystrophie musculaire de Becker.
  • Le tamoxifène est un médicament utilisé en cancérologie et évalué dans la DMD (et possiblement intéressant pour la BMD) n'a malheureusement pas montré l'efficacité qui en était attendue dans l'essai TAMDMD, même s'il est bien toléré. Le programme du tamoxifène n'est pas poursuivi.

Etudes observationnelles et d'histoire naturelle

  • Deux études européennes appelées BIND 1 et 2 (Brain INvolvement in Dystrophinopathies) ont été mises en place pour mieux comprendre l’origine de l’atteinte cérébrale dans les dystrophinopathies. Elles collectent des données neuro-comportementales chez les personnes atteintes d’une DMD ou d’une DMB pour faire des corrélations avec les mutations du gène DMD en cause. Au total en Europe (dont la France), 800 personnes doivent être recrutées dans l’étude BIND 1 et 270 dans l’étude BIND 2.
  • Les formes de dystrophie musculaire de Becker sont très variables, parfois très peu symptomatiques ou parfois proches de la DMD, d'où la difficulté pour faire des corrélations entre  l'expression de la maladie (phénotype) et l'anomalie génétique en cause (génotype). Pour y voir plus clair, des études d'histoire naturelle cherchent à mieux connaitre la maladie. Aux États-Unis, le réseau CINRG (Cooperative International Neuromuscular Research Group) collecte des données qui servent à la fois à mieux caractériser la maladie et à optimiser les approches de saut d'exons. Plus d'infos.

Le registre/outils de collecte sur les dystrophinopathies

  • Le Registre francais des dystrophinopathies est un outils de collecte de données de santé français dédié aux myopathies de Duchenne et de Becker, créé en 2019. Coordonné par le Pr. Isabelle Desguerre (Hôpital Necker, Paris) et financé par l’AFM-Téléthon, il recense les données cliniques et génétiques des patients atteints de DMD ou de DMB suivis en consultation en France. Son but est d’alimenter les travaux de recherche et de faciliter l’accès aux études et essais cliniques pour les malades. Voir aussi la page sur l'Entrepôt de données de santé.
  • La base de données UMD-DMD France (UMD pour Universal Mutation Database), soutenue par l'AFM-Téléthon reste active.

Voir les Avancées 2023 dans les DMD et DMB : elles font le point sur toutes les approches développées dans la dystrophie musculaire de Becker.

Où en est la recherche ?

De nombreuses équipes de chercheurs travaillent sur les dystrophinopathies et ce soit la myopathie de Duchenne ou de Becker, tant pour comprendre les rôles de la dystrophine et les mécanismes biologiques de la maladie que pour trouver de nouveaux médicaments pour la guérir.

De nombreux essais cliniques en cours ou en préparation dans le monde

  • 89 essais cliniques dans les DMD et les DMB
  • 8 dans la dystrophie musculaire de Becker
  • 3 chez les femmes concernées

(au 15 mai 2023 / Clinicaltrials.gov)

Des collaborations nationales et internationales pluridisciplinaires permettent aux chercheurs, généticiens, cliniciens... de capitaliser les connaissances acquises sur la maladie, de les transformer en pistes thérapeutiques et de franchir le cap des essais cliniques. Les associations de malades sont parties prenantes de cet effort de recherche à la fois pour financer des projets de recherche et pour sensibiliser, informer et accompagner les patients autour des essais cliniques.

Des conférences et congrès ont lieu pour partager les progrès scientifiques et médicaux, impulser des collaborations et faire naître des projets de recherche :

En attendant 2024 ! Myology 2022 : Les chercheurs racontent