Myosites (Myopathies inflammatoires)

Publié le 21/06/2022, mis à jour le

Une myopathie inflammatoire, ou myosite idiopathique, est une maladie du muscle liée à la production d’anticorps anormaux. Il en existe différents types (dermatomyosite, myosite à inclusions...) qui se différencient par leurs mécanismes, leurs symptômes et leurs risques. Un grand nombre de médicaments sont déjà disponibles pour les traiter. Les équipes de recherche continuent à travailler pour faire progresser les connaissances et améliorer encore la prise en charge.

Qu’est-ce qu’une myosite ?

En médecine le suffixe « ite » désigne une inflammation, comme dans les mots otite ou bronchite. Une myosite est une inflammation de muscles (« myo »). Elle est dite « idiopathique » lorsque l’on ne retrouve aucune cause à cette inflammation : elle n’est pas dûe à une infection par un microbe comme les myosites virales, ni à un problème de thyroïde.... On parle également de myopathie, c’est-à-dire de maladie (« pathie ») du muscle, inflammatoire. L’inflammation est une réaction de l’organisme, via le système immunitaire, lorsqu’il se protège contre une agression. Dans les myosites, elle se produit sans raison connue. 

En pratique une myosite associe :

  • les signes d’une atteinte des muscles : faiblesse, douleur musculaire, augmentation de la créatine phosphokinase (CK) dans le sang
  • des signes que cette myopathie est d’origine immunitaire : inflammation des fibres musculaires, production d’anticorps dirigés contre des constituants du corps (ou autoanticorps)

Les principales formes de myopathie inflammatoire sont :

Des maladies musculaires rares
Les myopathies inflammatoires ou myosites toucheraient 1 personne sur 7 000. En France, 3 000 et 5 000 adultes et enfants seraient touchées par une forme de myosite. Il s’agit plus souvent de filles ou de femmes que de garçons et d’hommes, sauf pour la myosite à inclusions qui touche deux fois plus d’hommes que de femmes. 

Que peut-on faire ?

La prise en charge d’une personne atteinte de myopathie inflammatoire associe souvent un traitement de fond à des mesures pour améliorer la force musculaire et prévenir les complications.

Si les traitements actuels des myosites entrainent la plupart du temps une amélioration, dans certains cas ils s’avèrent inefficaces, incomplètement efficaces ou mal tolérés. Un grand nombre d’essais cliniques sont menés dans le monde pour trouver des traitements plus efficaces et mieux tolérés.

Qui consulter ?

La prise en charge d’une myosite se conçoit au mieux dans le cadre de consultations pluridisciplinaires spécialisées dans les maladies neuromusculaires ou les maladies auto-immunes rares. Elles réunissent les compétences de plusieurs intervenants (interniste, neurologue, médecin de rééducation, kinésithérapeute, diététicien, psychologue…) et sont structurées selon deux dispositifs :
- la filière de santé des maladies rares neuromusculaires (FILNEMUS)
- la filière de santé des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires rares (FAI2R):
Au sein de chaque filière, certaines consultations sont labellisées « centres de référence » compte tenu de l’importance de leur activité sur le plan tant du diagnostic et de la prise en charge que de la recherche (essais cliniques notamment). 

V_medecin_consultation2

Le traitement de fond de la myopathie inflammatoire

Hormis pour la myosite à inclusions, le traitement repose sur des médicaments qui diminuent ou modulent l’activité du système immunitaire et l’inflammation. Ce traitement « de fond » peut faire appel aux corticoïdes, à un ou plusieurs immunosuppresseurs, aux immunoglobulines polyvalentes, à des échanges plasmatiques, à une thérapie ciblée. Le médecin choisit le ou les moyens de traitement les plus adaptés, au cas par cas.

Infographie - Myopathie inflammatoire

Kinésithérapie et activité physique

L’exercice physique est une composante essentielle du traitement de toutes les formes de myosites, avec l’objectif d’améliorer la force musculaire.
Un programme personnalisé de rééducation motrice, en kinésithérapie, permet de faire travailler tous les muscles. En complément, il est recommandé de pratiquer une activité physique ou sportive adaptée.
Les séances de kinésithérapie contribuent également à lutter contre les douleurs et à prévenir les rétractions musculo-tendineuses.

Pour soigner une atteinte associée à celle des muscles

Le traitement de fond contribue à améliorer la plupart des atteintes d’autres organes (peau, cœur, poumons…) qu'elles soient liées à la myosite elle-même ou à une autre maladie auto-immune associée. Un traitement complémentaire est parfois nécessaire.

Les soins courants et les urgences

Quel que soit le type de myopathie inflammatoire dont vous êtes atteints, il est essentiel d’en informer tous les professionnels de santé consultés (médecins, dentiste, chirurgien…) et de leur dire quels sont vos traitements en cours. La prise d’un immunosuppresseur, de corticoïdes ou d’une biothérapie nécessite en effet de prendre des précautions particulières.

Pour la dermatomyosite, deux documents peuvent aider les professionnels de santé non experts en maladies neuromusculaires : le protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) qui explique la prise en charge optimale dans cette maladie, et la fiche « Bonnes pratiques en cas d’urgence » dans la dermatomyosite du site Orphanet.

Il existe également un PNDS pour la myosite à inclusions.

Zoom sur… les myopathies inflammatoires

Élaboré par l’AFM-Téléthon avec le concours d’experts et de patients, ce document très complet présente une information détaillée le sur les myopathies inflammatoires. Comment se manifestent-elles et évoluent-elles ? Quels sont les traitements possibles et les médicaments disponibles ? Où consulter ? À quelle fréquence ? Les myopathies inflammatoires sont-elles fréquentes ? Quelles démarches administratives réaliser ? ... À toutes ces questions, il apporte des réponses précises et concrètes sur ce qui peut être fait dans la vie quotidienne pour vivre avec une myopathie inflammatoire.

VOIR LE ZOOM SUR... LES MYOPATHIES INFLAMMATOIRES
 

À quoi sont-elles dues ?

Le rôle du système immunitaire est de protéger l'organisme contre des agressions extérieures, comme les infections par microbes. Dans une myopathie inflammatoire, il se dérègle et produit des auto-anticorps c’est-à-dire des anticorps qui attaquent certains constituants de l'organisme, comme les muscles. Une myosite est une maladie auto-immune

Médecins et chercheurs ne savent pas encore pourquoi le système immunitaire se dérègle. L’hypothèse actuelle est que la maladie résulte probablement de la conjonction d’un terrain génétique prédisposant et de facteurs liés à l’environnement (rayons ultraviolets, prise d’un médicament...). Mais les myosites idiopathiques ne sont pas des maladies héréditaires, qui seraient liées à une anomalie génétique. Elles ne sont donc pas transmissibles à ses enfants.

Une biopsie musculaire et une prise de sang pour le diagnostic

Les symptômes ressentis, l’examen clinique et l’électromyogramme font évoquer le diagnostic de myosite, mais seule la biopsie musculaire permet au médecin de l’affirmer avec certitude. La recherche de différents autoanticorps dans le sang conforte le diagnostic et l’affine (type de myosite).

Deux grandes familles d’auto-anticorps
•Les auto-anticorps spécifiques des myosites sont retrouvés uniquement chez les personnes atteintes de myosite : antiJo-1, anti-Mi2, anti-SRP, anti- HMGCR, anti-TIF1-γ…
•Les auto-anticorps associés aux myosites peuvent être présents aussi dans d’autres maladies auto-immunes (comme le lupus) : antiRo-52, anti-Ro60, anti-La, anti-PM-Scl 75…

Comment se manifestent-elles ?

Les myopathies inflammatoires (ou myosites idiopathiques) sont des maladies rares dont les manifestations possibles sont très diverses. De ce fait, leur diagnostic prend parfois un certain retard. Elles peuvent commencer à se manifester à tout âge, de l’enfance jusqu’à un âge avancé: La myosite à inclusions survient le plus souvent après l’âge de 50 ans. À l’inverse, la dermatomyosite peut toucher un enfant de moins de 10 ans.

Des symptômes variables

Les myosites se manifestent de façon très différente d'une forme à l'autre et, pour une même forme, d'une personne à une autre. Le plus souvent, elles entrainent une faiblesse musculaire, une plus grande fatigabilité à l’effort et des douleurs des muscles (myalgies) ressenties comme des courbatures ou des crampes.

Les manifestations possibles de la faiblesse musculaire
Selon les muscles touchés, la faiblesse musculaire se manifestera par des difficultés ou une gêne inhabituelle pour : 
• se lever d’une chaise ou des toilettes sans l’aide des mains,
• monter les escaliers, gravir une échelle,
• se coiffer,
• se laver les cheveux,
• s’habiller,
• s’accroupir ou se relever de la position accroupie ou à genou,
• passer de la position couchée à la position assise,
• maintenir les mains au-dessus de la tête de façon prolongée,
• courir, marcher (enfant qui demande à être porté plus souvent, chutes répétées),
• soulever ou porter les objets lourds (sac de course, valise…),
• prendre en main et manipuler des objets (outils, ustensiles de ménage),
• écrire
• maintenir le dos droit, 
• relever la tête,
• avaler certains aliments.

Selon leur forme, les myosites peuvent s’accompagner d’autres signes, également liés à un mécanisme auto-immun et qui concernent la peau (éruption, calcifications), les articulations (douleurs, gonflement), les poumons (toux, essoufflement) ou encore le cœur (palpitations, malaise).

Et le syndrome des antisynthétases ?

De description récente, le syndrome des antisynthétases est une forme de myosite de chevauchement.

  • En médecine, le mot « syndrome » désigne l’existence d’un ensemble de symptômes, en l’occurrence l’association d’une myosite et d’une atteinte des poumons (pneumopathie interstitielle), des articulations (douleurs) et de la peau (phénomène de Raynaud, fissurations au bout des doigts). 
  • Le mot « antisynthétase » fait référence aux autoanticorps qui sont dirigés contre des enzymes présentes dans le cytoplasme des cellules, les aminoacyl-ARNt synthétases : auto-anticorps anti-Jo1, anti-PL7, anti-PL12…

Une personne atteinte d’une myosite peut également développer une autre maladie auto-immune : lupus érythémateux systémique, sclérodermie…

Comment évoluent ces myopathies ?

En l’absence de traitement, une myosite ne s’améliore pas de façon spontanée. La faiblesse musculaire s’aggrave progressivement et peut s’étendre à d’autres muscles.

Avec le traitement, la plupart des myosites s’améliorent avec l’obtention d’une rémission. Certaines personnes connaissent une récupération complète, sans récidive ultérieure. D’autres auront une nouvelle poussée de la maladie (rechute) pendant les premiers mois ou années qui suivent, mais ce risque concerne une minorité de patients

La myosite à inclusions occupe une place à part puisqu’elle est peu ou pas sensible au traitement habituel des myosites. Néanmoins, elle évolue de façon très lente, sur des années, et ne modifie pas l’espérance de vie qui reste comparable à celle d’une personne indemne de myosite.

En savoir plus sur les myosites avec une Web conférence des associations de patients

Où en est la recherche ?

Les études sur les myopathes inflammatoires impliquent à la fois des chercheurs et des médecins spécialisés tant dans les maladies auto-immunes que dans les maladies du muscle, et ce dans le monde entier. Chaque année, plusieurs centaines de publications scientifiques témoignent de l’intensité de leurs travaux de recherche. En France, l’équipe du Pr Oliver Benveniste à l’Institut de myologie (Hôpital de la pitié Salpêtrière, Paris) est très active en ce domaine.

Quelques chiffres… 

plus de 70 essais cliniques  en cours ou en préparation dans les myosites sont répertoriés sur le site ClinicalTrials.gov (interrogation du 10 octobre 2022), dont 12 essais en France. Plus de de 1 300 articles sur les myosites publiés dans la littérature médicale et scientifique au cours de l'année écoulée d'après Pubmed (interrogation du 10 octobre 2022).

Voir les Avancées dans les myopathies inflammatoires

Mieux connaitre les myopathies inflammatoires

De nombreux travaux de recherche s’attachent à décrire finement tous les aspects des myosites idiopathiques. Ils sont fondamentaux pour améliorer la compréhension des mécanismes de ces maladies et leur diagnostic. Ils ouvrent également de nouvelles pistes de traitement.

Affiner les indications des traitements actuels

Différents essais cliniques s’attachent à déterminer quelles seraient les personnes les plus à même de bénéficier de tel ou tel médicament, ou association de médicaments.

  • En France, l’essai CATR-PAT a pour objectif de comparer les traitements recommandés actuellement en Europe et aux États-Unis du syndrome des antisynthétases.
  • Des essais en cours continuent d'évaluer l’intérêt de l’entrainement physique sur tous les types les myosites, y compris la myosite à inclusions, et à en comprendre les bénéfices

Évaluer de nouveaux médicaments

Il peut s’agir de :

  • molécules déjà commercialisées pour soigner d’autres maladies et qui sont à l’essai dans les myosites comme les inhibiteurs des janus kinases (baricitinib, tofacitinib, ruxolitinib...), la rapamycine ou encore le thiosulfate de sodium.
  • Molécules encore en développement, comme le PF-06823859 à l’essai dans la dermatomyosite.

Explorer des thérapies innovantes

Les traitements immunosuppresseurs habituellement utilisés dans les myopathies inflammatoires ne sont pas toujours efficaces (myosite réfractaire, myosite à inclusions). Il est donc nécessaire de développer d'autres approches.

La thérapie cellulaire commence ainsi à être explorée, avec deux essais dans la myosite à inclusions (dont l’un en France, soutenu par l'AFM-Téléthon) et trois dans la dermatomyosite, aux États-Unis et en Chine.